ARTICLE XVII. AUTRE ATTAQUE DE PLAINE.
Il arrive qu'avec une armée inférieure on se trouve dans un pays de plaine, comme entre Berlin et Francfort, entre Magdebourg et Halberstadt, près de Leipzig, entre Ratibor et Troppau, etc. Comment appuyer ses ailes? Comment prendre une position lorsqu'il n'y en a point? J'y ai pensé souvent, parce qu'il se trouve des cas où, sans vouloir préjudicier au bien de la cause, il faut se soutenir dans de semblables terrains. Voici donc la seule idée qui m'est venue et qui peut s'exécuter.
Je choisis, pour me camper, un terrain un peu bas où je suis à couvert vis-à-vis de l'ennemi; je fais élever sur la hauteur, devant mon front, des redoutes, pour que l'ennemi prenne ce terrain pour celui que je veux défendre; et il faut qu'il y ait quelque village, qu'il faut fortifier. S'il se trouve du bois à une de vos ailes, c'est un avan<25>tage, parce que tout le projet roule à cacher à l'ennemi le mouvement qu'on veut faire. Dans cette position, les généraux qui viendront me reconnaître feront leur disposition sur mon village fortifié et mon front garni de redoutes. Voyez le plan de mon camp, XIX. Le plan XX est l'attaque de ma cavalerie et la marche de mon armée pour se porter sur le flanc de l'ennemi; et XXI est le plan de l'attaque de mon infanterie, après que la cavalerie ennemie est battue. Votre cavalerie ne doit se mettre en mouvement que lorsque l'ennemi veut se former, pour qu'il ne puisse pas changer sa disposition.
Vous devez garnir les ouvrages du village de canon et la redoute la plus proche de votre droite. Si l'ennemi veut changer son front, il aura nécessairement le feu de votre village en flanc, et s'il veut attaquer le village, toute votre armée l'attaque en flanc. Tout dépend donc du choc de la cavalerie; si celui-là réussit bien, l'armée ennemie est totalement battue, et voilà comme, avec des troupes faibles, on peut néanmoins se procurer la victoire. Voyez les plans nos XIX, XX et XXI.