<108>Les armes des Bourbons prospérèrent, cette année, en Flandre comme en Italie. Louis XV s'était mis à la tête de son armée de Flandre, composée de quatre-vingt mille hommes; le maréchal de Saxe commandait sous lui. A l'ouverture de la campagne les Français firent des fausses démonstrations sur différentes places, et ils investirent subitement Tournai. Cette ville, une des principales places de la barrière, était défendue par une garnison de neuf mille Hollandais : la bonté de ses ouvrages, et la force de la citadelle, que Vauban avait construite, préparait aux assiégeants nombre d'obstacles et de difficultés à surmonter. Les alliés, sous le commandement du duc de Cumberland et du maréchal Königsegg, n'avaient que cinquante mille hommes à opposer aux forces des Français; ils s'avancèrent cependant du côté de Tournai, et vinrent camper dans les plaines d'Anderlecht. Ce voisinage n'empêcha pas les Français d'ouvrir la tranchée le 1er de mai. Les alliés, sentant de quelle importance il était pour eux de sauver Tournai, résolurent de tout hasarder pour obliger Louis XV à lever ce siège.
Du côté du sud, en remontant la rive droite de l'Escaut, est situé le village de Fontenoi, lieu jusqu'alors obscur, mais qui est devenu célèbre par l'événement qui porte son nom. Ce fut dans cette contrée que le maréchal de Saxe choisit un terrain qu'il crut assez avantageux pour renverser les projets du duc de Cumberland en s'y présentant. Il ne laissa au siège qu'un nombre suffisant de troupes pour le continuer : il appuya sa droite à l'Escaut; il garnit d'infanterie et de canons le village d'Antoing, situé au bord de cette rivière; il forma ses deux lignes d'infanterie en potence vers le mont de la Trinité, qui se trouvait à l'extrémité de sa gauche; sa cavalerie, rangée derrière son infanterie, faisait sa troisième ligne; de plus, le village d'Antoing était flanqué d'une batterie qui s'élevait sur l'autre rive de l'Escaut; trois redoutes lardées d'infanterie et de canon couvraient son front de