<112> ni l'autre : toutefois, dans cette négociation, Vaugrenant fut la dupe du Saxon. Brühl lui persuada que pour faire une paix avantageuse avec la reine de Hongrie, l'unique parti que la France eût à prendre, était de ne point s'opposer à l'élection du grand-duc de Toscane, et de tenir dans l'inaction l'armée que le prince de Conti commandait sur le Rhin; d'autant plus que la France pouvait tirer plus d'utilité de ces troupes sur l'Escaut que sur le Main. Le conseil de Louis XV donna aveuglément dans ce piège; il n'examina, ni le peu de sincérité de ce conseil, ni si le parti qu'on lui proposait, était conforme aux engagements qu'il avait pris avec ses alliés. En affaiblissant ainsi l'armée du prince de Conti, on le mit hors d'état de s'opposer aux entreprises de la cour de Vienne. Le Grand-Duc fut élu malgré la France; la paix ne se fit point, et l'amour-propre du ministère de Versailles lui interdit jusques aux reproches.
Les troupes tirées de cette armée arrivèrent en Flandre lorsqu'après la réduction de la citadelle de Tournai, l'armée française en décampait. Elle se mit en trois corps, dont l'un se posta à Courtrai, le second à Saint-Guislain, et le troisième à Condé. M. Du Chayla battit un détachement de cinq mille hommes sous les ordres du général Molé, que le duc de Cumberland avait lait partir de son armée pour se jeter dans Gand. Ce petit échec répandit la terreur dans l'armée des alliés; elle décampa de Bruxelles : Gand, Bruges et Oudenarde n'étant plus protégées, se rendirent aux Français, et cette campagne se termina par la prise de Nieuport, de Dendermonde, d'Ostende et d'Ath; après quoi, le maréchal de Saxe fit entrer ses troupes en quartiers d'hiver derrière la Dendre. Cette campagne rendait aux armes françaises l'honneur que celle de Bohème leur avait lait perdre. Si Louis XIV subjugua plus de terrain en l'année 1672, il le perdit aussi vite qu'il l'avait conquis : au lieu que Louis XV assura ses possessions, et ne perdit rien de ce qu'il avait gagné.