<151> en tirant vers Marschendorf, où Franquini avait son petit camp. L'armée ennemie n'était qu'à une marche de celle du Roi, ce qui lui fit appréhender que le dessein du prince de Lorraine ne fût de gagner Trautenau avant lui. Pour prévenir l'ennemi, qui aurait coupé son corps de la Silésie, le Roi se résolut de marcher le lendemain; mais pour être préalablement mieux informé des mouvements des Autrichiens, il fit partir sur-le-champ un détachement de deux mille chevaux sous les ordres du général Katzler, pour aller à la découverte sur les chemins d'Arnau et de Königssaal, avec ordre de faire des prisonniers, et de prendre des paysans des environs, pour avoir des nouvelles de ce qui se passait dans le camp du prince de Lorraine. M. de Katzler s'avança avec sa troupe, et se trouva, sans le savoir, entre deux colonnes des Autrichiens qui se glissaient dans l'enfoncement des forêts pour lui dérober la connaissance de leur marche; il aperçut devant lui un grand nombre de troupes légères, et un corps de cavalerie supérieur au sien, qui les suivait; sur quoi, il se replia en bon ordre sur-le-champ, et rendit compte au Roi de ce qu'il avait vu; mais il n'avait pas vu grand'chose.
Les troupes reçurent ordre de se mettre en marche le lendemain à dix heures; et le 30 de septembre, à quatre heures du matin, pendant que le Roi avait auprès de lui les généraux du jour pour leur dicter la disposition de la marche, voilà qu'un officier vient l'avertir que les grand'gardes de la droite du camp ont découvert une longue ligne de cavalerie, et qu'autant qu'on en pouvait juger, il paraissait par l'étendue de la poussière que ce devait être toute l'armée ennemie; quelques officiers vinrent un moment après, et avertirent que quelques troupes autrichiennes commençaient à se déployer vis-à-vis du flanc droit du camp. Sur ces nouvelles, les troupes reçurent ordre de prendre incessamment les armes, et le Roi se rendit aux grand'gardes, pour juger par ses propres yeux de l'état des choses et du parti qu'il y avait à prendre.