<192> on fit représenter l'opéra d'Arminius. On ne rappelle ces bagatelles que relativement aux anecdotes où elles tiennent. Jusqu'à l'opéra tout devenait entre les mains de Brühl un ressort pour gouverner l'esprit de son maître : il avait fait représenter la Clémence de Titus au sujet de la disgrâce de Sulkowski et des prétendus crimes que le Roi lui pardonna; Arminius parut pendant cette dernière guerre : cette histoire devait servir d'allégorie au secours qu'Auguste III donnait à la reine de Hongrie contre les Français et les Prussiens, qu'on accusait de vouloir tout subjuguer. Les louanges flatteuses de la poésie italienne, rehaussées du charme de l'harmonie, et rendues par le gosier flexible des châtrés, persuadaient au roi de Pologne qu'il était l'exemple des princes et un modèle d'humanité. Les musiciens supprimèrent un chœur de l'opéra, qu'ils n'osèrent produire en présence des Prussiens, parce que les paroles pouvaient être justement rétorquées après ce qui venait d'arriver en Saxe; les voici :
Sulle ronine altrui alzar non pensi il soglio,
Colui che al sol' orgoglio riduce ogni virtù.a
Les chœurs des opéras d'Auguste valaient les prologues de ceux de Louis XIV.
Pendant qu'on chantait à Dresde des Te Deum et des opéras, M. de Villiers, qu'on y attendait avec impatience, arriva de Prague avec les pleins pouvoirs et toutes les autorisations nécessaires aux ministres saxons pour conclure la paix. Il lut suivi par le comte Frédéric Harrach, qui venait de la part de l'Impératrice-Reine pour la même intention.
Pendant que tout se préparait à Dresde à pacifier les troubles de l'Allemagne, le Roi reçut cette réponse de Louis XV à la lettre touchante qu'il lui avait écrite de Berlin pour lui demander son assistance.
a Arminio, opéra de Hasse, chœur final; ce dernier morceau fut composé par Graun. (Ms. in-fol., no 272, de la Bibliothèque royale de Berlin, section musicale).