<197>Dans ces entrefaites, le comte de Harrach arriva à Dresde. Il supposait que, fier de ses succès, à l'instar des Autrichiens, le Roi en rehaussant ses prétentions les rendrait excessives; mais bientôt détrompé de ce préjugé, il remercia même ce prince de la facilité avec laquelle il se prêtait à cette négociation. Le Roi lui répondit que la cause de la guerre ayant cessé par la mort de Charles VII, il avait été depuis ce moment dans les mêmes dispositions où il le voyait aujourd'hui. M. de Harrach jeta en avant quelques propositions sur une entrevue entre le Roi et la reine de Hongrie, qui furent éludées par l'exemple de l'inutilité et des mauvaises suites qui en étaient résultées; mais le Roi mêlant adroitement à ces refus des louanges de cette princesse, le comte s'en contenta, et laissa tomber l'affaire.
La paix fut signée le 25 décembre 1745. L'accession de la reine de Hongrie à la convention de Hanovre n'est qu'un renouvellement pur et simple de la paix de Breslau. Les Saxons promirent de ne jamais accorder de passage par leur pays aux ennemis du Roi, sous quelque prétexte que cela put être. On convint de troquer le péage de Fürstenberg contre quelques terres de la même valeur. Le roi de Pologne garantit le payement d'un million de contributions auquel l'Électorat s'était engagé; il renonça par le même article à toute indemnisation des frais de la guerre. Le Roi promit en revanche de faire cesser les contributions du jour de la signature, et de retirer incessamment ses troupes de la Saxe, à l'exception de Meissen, où était l'hôpital prussien; ce qui lui fut accordé jusqu'à la guérison des blessés.
Ainsi finit cette seconde guerre, qui dura en tout seize mois; qui se fit de part et d'autre avec une ardeur et un acharnement extrême; où les Saxons découvrirent toute la rage qu'ils avaient contre les Prussiens, et l'envie que leur inspirait l'agrandissement de cette puissance voisine; où les Autrichiens combattaient pour l'Empire et pour la prépondérance; dans laquelle les Russes voulurent se mêler, pour influer sur les troubles germaniques; à laquelle la France devait s'in-