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VIII. LETTRE DE M. DE VILLIERS A SA MAJESTÉ LE ROI DE PRUSSE.

De Prague, le 9 décembre 1745.



Sire,

Pour exécuter moins mal les ordres de Votre Majesté, je me suis rendu auprès du roi de Pologne; c'est pourquoi je n'ai reçu qu'hier ceux dont Votre Majesté m'honore du 5 du courant. Je les ai communiqués sur-le-champ au comte de Brühl; et pour mieux convaincre Sa Majesté Polonaise des sentiments de Votre Majesté à son égard, j'ai même pris la liberté de lui donner un extrait de la lettre de Votre Majesté, croyant que ses expressions d'amitié auraient trop perdu par un rapport de ma part. Si en cela j'ai surpassé ses intentions, ce n'est qu'en les voulant mieux accomplir : il suffit que je les sache, pour les observer religieusement. Le comte de Brühl vient de me donner pour réponse le mémoire ci-joint.223-+ Votre Majesté a montré tant d'empressement à rétablir la tranquillité en Allemagne, elle entend si bien ses intérêts, et elle voit si clairement toutes les circonstances qui y ont rapport, qu'il ne m'est pas permis d'alléguer mes raisons là-dessus. J'ose seulement répéter que cette cour souhaite<224> ardemment le rétablissement de la bonne harmonie avec celle de Votre Majesté, et de parvenir au but général que Votre Majesté se propose. Il est donc à espérer qu'étant d'accord sur les principes, on le sera sur les moyens, et que le petit retardement dans l'envoi d'un ministre n'en causera presque aucun dans l'avancement de l'ouvrage, quoique le moindre délai ne saurait qu'affliger ceux qui souhaitent véritablement le bien.

Mon espérance est dans la grandeur d'âme de Votre Majesté : sa modération ne lui fera pas moins de gloire que ses victoires. Je dis peut-être trop, quoique je supprime plus que je ne dis. Je ne saurais exprimer l'impatience que j'ai de faire ma cour à Votre Majesté, et de mériter ce qu'elle a bien voulu dire sur mon sujet. J'espère qu'elle paraîtra par mon zèle pour son service, et par la dévotion avec laquelle je suis,



Sire,

de Votre Majesté
etc. etc.
Villiers.

P. S. Je n'ai pas manqué de marquer à ma cour ce que Votre Majesté m'a fait l'honneur de me dire touchant la garantie de la Grande-Bretagne. Je suivrai avec la même exactitude les ordres de Votre Majesté par rapport à M. de Bestusheff et au ministre de Hollande.


223-+ Voyez l'article suivant.