<106> Roi en avertit le margrave Charles et le prince Maurice demeurés en Saxe, et il se mit à la tête d'un renfort de cavalerie, pour les mener au camp de Sedlitz, où il n'était resté que trente escadrons; ce qui n'était pas suffisant pour arrêter les Saxons, surtout s'ils avaient entrepris de percer du côté de Hellendorf et de Teplitz. Sa Majesté partit le 13 de Lowositz avec quinze escadrons, et arriva le 14 à midi à son armée, qu'elle trouva à Struppen, quartier que le roi de Pologne avait occupé durant tout le temps de la bloquade des Saxons.
Les choses avaient entièrement changé de face en Saxe, depuis que le Roi avait pris le commandement de son armée en Bohême : la bataille de Lowositz avait frappé la cour; elle n'espérait que faiblement dans l'assistance des Impériaux. Les troupes étaient menacées d'une disette prochaine, ce qui fit tenter aux généraux saxons de se frayer eux-mêmes un chemin à travers les Prussiens : leur projet étant de se sauver en passant l'Elbe, ils tentèrent de jeter un pont à Wehlstädtl; vis-à-vis de ce lieu se trouvait une redoute prussienne qui coula à fond quelques-uns de leurs bateaux, ce qui dérangea leurs mesures. Ils changèrent de dessein, et firent transporter leurs pontons à Halbstadt, qu'ils regardaient comme le lieu le plus propre et le plus convenable pour leur sortie, surtout à cause des secours que M. de Browne venait de leur promettre de nouveau.
Toutes les opérations que les armées firent alors dans ces contrées, se trouvaient si intimement liées avec le local du terrain, que nous sommes obligé pour l'intelligence du lecteur de lui en donner l'idée la plus nette que nous pourrons. Par la description que nous avons faite du poste de Pirna, on a pu juger de la force de son assiette : mais s'il était difficile de l'emporter, il n'était pas moins difficile d'en sortir. La plus naturelle, la plus aisée de ses issues est par Leupoldishayn; en descendant de leurs rochers, les Saxons prenaient, par Hermsdorf et Hellendorf, le chemin de la Bohême : ce n'est pas à dire qu'ils auraient forcé ce passage sans perte; il y avait toutefois