<117> Un soir que le Roi devait partir pour Choisy, cet insensé se glisse clans la foule, approche du Roi par derrière, et lui plonge son couteau dans le côté. Il fut arrêté sur-le-champ; la blessure du Roi fut trouvée légère; le parlement se saisit du coupable; les prisons furent remplies de personnes qu'il avait chargées par ses dépositions, mais qui étant innocentes, recouvrèrent la liberté; et jusqu'à présent le public n'a été instruit que vaguement des motifs qui ont déterminé ce monstre à cet attentat atroce.
La cour de Vienne, qui agissait si puissamment à Versailles, n'était pas moins diligente à intriguer chez les autres puissances de l'Europe; elle dépeignait à Pétersbourg l'entrée des Prussiens en Saxe sous les couleurs les plus noires : c'était une injure faite à la Russie; c'était braver les forces de cet empire; c'était un mépris manifeste des garanties que l'impératrice Élisabeth avait données au roi de Pologne de son électorat. Pour appuyer ces insinuations, les Autrichiens prodiguaient à Pétersbourg des calomnies contre la Prusse, et les sommes d'argent qu'ils y répandaient. Pour hâter la marche des troupes russiennes, l'Impératrice-Reine promit de payer annuellement un subside de deux millions d'écus à l'impératrice Élisabeth : cette somme était proprement payée par la France; c'était l'évaluation du contingent qu'elle devait à l'Autriche, qui se servait de ce subside pour engager la Russie à déclarer la guerre à la Prusse.
Les ministres de l'Impératrice-Reine travaillaient avec non moins de zèle à Ratisbonne pour engager dans ces troubles les états de l'Empire; en même temps, les Français intimidèrent la diète par leurs menaces au point qu'elle souscrivit aveuglément aux volontés de la cour de Vienne : il fut résolu par les conclusions de cette diète que le Saint-Empire formerait une armée d'exécution, qui s'avancerait tout droit dans l'électorat de Brandebourg. Le commandement de cette armée fut décerné au prince de Hildbourghausen, maréchal au service d'Autriche. Alors le fiscal de l'Empire se mit sur les rangs : il avança que