<118> les rois de Prusse et d'Angleterre devaient être mis au ban de l'Empire; quelques princes représentèrent que si autrefois l'électeur de Bavière avait été condamné à ce ban, cela ne s'était fait qu'après qu'il eut perdu la bataille de Höchstädt, et que, dès que les armées impériales en auraient gagné de pareilles, il serait libre à chacun de procéder contre ces deux rois. La France comprit que si l'on se précipitait à publier cet arrêt, la cour de Vienne commettrait sa dignité, et qu'il y aurait à craindre de plus que les deux rois et leurs adhérents ne formassent un schisme, et ne se séparassent entièrement du Saint-Empire romain : ils firent toutes ces représentations à Vienne, et conseillèrent à la Reine d'attendre les succès de la fortune pour régler dessus les mesures ultérieures qu'elle aurait à prendre.
Quoique cet avis prévalût, cela n'empêcha pas le fiscal d'agir avec une indécence et une grossièreté insupportables contre des rois, envers lesquels les ennemis même observent communément des procédés honnêtes et respectueux. Il aurait été difficile de répondre aux écrits injurieux et amers de cette diète, si M. de Plotho, ministre du Roi à Ratisbonne, n'eût pas eu le talent et l'adresse de tremper sa plume dans le même fiel. Le style de la cour impériale n'était pas plus doux; on le distinguait néanmoins des écrits du fiscal par des insolences pleines de fierté et par quelque chose de plus piquant, mêlé d'arrogance et de hauteur. Le Roi, indigné contre ces procédés, fit insinuer à l'Impératrice qu'on pouvait être ennemi sans se dire des injures; qu'il suffisait aux souverains de vider leurs débats par l'épée, sans se prostituer réciproquement devant le monde par des écrits faits pour les halles et indignes du trône : ces remontrances furent longtemps vaines, et n'acquirent du poids qu'après que le Roi eut gagné quelques batailles.
Tandis que toute l'Europe s'armait contre les rois de Prusse et de la Grande-Bretagne, l'Angleterre se trouvait dans une subversion générale, qui engourdissait le gouvernement, et serait devenue préju-