<119>diciable aux intérêts de la nation, si des changements survenus à propos n'avaient pas à temps redressé les choses. Les dissensions domestiques qui brouillaient l'intérieur de l'État, étaient fomentées par le duc de Cumberland, qui se flattait qu'à leur faveur il pourrait remplir de ses créatures les premiers postes : c'était lui qui avait soulevé la nation contre les Français; c'était lui qui avait allumé la guerre, dans l'espérance que le ministère ne pourrait pas se soutenir dans un temps de trouble. Les premières entreprises des Anglais tournèrent si mal, qu'ils perdirent Port-Mahon : ce fut là le prétexte dont se servit le parti de ce prince pour en rejeter la faute sur la malhabileté du duc de Newcastle. A l'ouverture du parlement, les esprits s'échauffèrent, l'animosité des partis redoubla, et tant de ressorts furent mis en œuvre par les intrigues du duc de Cumberland, que le duc de Newcastle, fatigué par la faction plutôt que vaincu, résigna ses emplois; le parti de Cumberland, triomphant, fit donner les sceaux au sieur Fox, créature du prince. Cependant ce nouvel arrangement, qui manquait de consistance, ne put se soutenir : M. Fox quitta de lui-même cette place qu'on lui avait fait obtenir par tant d'intrigues, et le duc de Newcastle rentra dans ses charges. Ces déplacements de ministres n'auraient cependant pas tiré à conséquence, s'il n'en était résulté une espèce d'inaction et de léthargie dans lesquelles restaient les affaires : les ministres et les grands étaient plus occupés de l'intérêt de leurs factions que des mesures à prendre contre la France. Plus animés contre les compétiteurs de leurs emplois que contre les ennemis de la nation, ils ne prenaient aucune mesure pour la campagne prochaine; personne ne pensait à former des projets pour la guerre de mer, jusqu'alors malheureuse, encore moins pour la guerre qui était sur le point d'embraser l'Allemagne.
Ce qui intéressait le plus le Roi dans ce moment, c'était de faire prendre aux Anglais des mesures relatives à la guerre du continent; et comme il prévoyait en gros sur quoi pourraient rouler les opéra-