<142> du détachement prussien qu'il savait en marche pour le renforcer. On voulut le lendemain reconnaître les chemins de Wisoka, pour juger de la disposition où se trouvaient les ennemis; cependant on ne put y réussir, à cause de l'épaisseur des forêts et du nombre des pandours qui les remplissaient. Le même jour, quatre mille Croates attaquèrent un convoi qui venait de Nimbourg à l'armée; il était escorté par deux cents fantassins aux ordres de M. de Billerbeck, major dans le régiment Henri : ce brave officier se défendit trois heures contre le nombre qui l'assaillait, jusqu'à l'arrivée du secours qui le dégagea, sans avoir perdu la moindre chose de son convoi, et l'on ne trouva à redire à son monde que sept blessés; ce qui est une perte peu considérable, en comparaison du corps dont il fut attaqué. D'aussi petits détails ne deviennent dignes de l'histoire qu'autant qu'ils peuvent servir d'exemple de ce que peuvent à la guerre la valeur et la fermeté, soutenues par une bonne disposition.
Le terrain où les Prussiens étaient campés, n'était pas assez avantageux pour qu'on pût y attendre l'ennemi avec sûreté : le Roi voulait se porter avec l'armée à Swoyschitz, où l'on trouve des environs susceptibles de défense; mais à peine l'armée se fut-elle mise en marche pour prendre cette position, qu'on vit paraître celle du maréchal Daun, qui se forma près de Swoyschitz en une espèce de triangle, dont la gauche tirait vers Zasmuk et la droite vers l'Elbe; le front vis-à-vis de Kaurzim et de Malotitz était couvert par une prairie bourbeuse, à travers laquelle serpentait un ruisseau marécageux. Ce mouvement des ennemis produisit un changement nécessaire dans la disposition des Prussiens : l'armée changea de direction; elle prit plus vers la gauche, et s'approcha de Nimbourg; elle se campa ayant Planian vers la gauche de son front, et à sa droite Kaurzim, où l'on jeta un bataillon pour assurer le flanc de l'armée. On rencontra près de Planian un corps d'Autrichiens, dont l'intention ne pouvait être que de s'emparer du dépôt que les Prussiens avaient à Nimbourg; on con-