<143>traignit ce corps à se replier, et il prit position sur une hauteur derrière Planian, où il demeura la nuit.
La situation du Roi devenait de jour en jour plus critique et plus embarrassante; sa position ne valait rien; son camp était étroit, acculé à des montagnes; son front se trouvait à la vérité inabordable par le marais et le ruisseau qui séparaient les deux armées; mais il n'en était pas de même de la droite, mal appuyée à Kaurzim, et que le maréchal Daun était maître de tourner dès qu'il le voudrait, en se portant de Zasmuk sur Malotitz : si les ennemis eussent fait ce mouvement, toute l'armée était prise en flanc et battue sans ressource. Il se présentait d'autre part une multitude d'objets à remplir, trop contraires pour qu'on les pût tous concilier ensemble, et il n'y en avait aucun à négliger sans que cela ne portât un préjudice considérable aux affaires : il fallait couvrir les magasins de Brandeis et de Nimbourg, d'où l'armée d'observation tirait son pain; il fallait protéger le blocus de Prague, en empêchant avec un corps faible une armée supérieure du double d'y détacher ou d'en approcher. Plus l'infériorité des Prussiens se découvrait aux ennemis, plus ils avaient à craindre à la longue d'essuyer quelque échec considérable : car en supposant même qu'ils eussent pu se soutenir dans le camp où ils étaient, il ne leur en était pas moins impossible d'empêcher le maréchal Daun d'envoyer un gros détachement, qui, longeant les bords de la Sasawa, serait venu à dos des corps prussiens qui campaient entre Branik et Saint-Michel; et cette armée du siége, attaquée par derrière pendant que de la ville le prince de Lorraine aurait fait une sortie, se serait trouvée entre deux feux, et aurait par conséquent été totalement battue. Si le Roi, prenant un autre parti, eût trouvé convenable de se retirer à Kosteletz ou à Teutsch-Brod, il y trouvait des camps plus avantageux; mais les inconvénients dont nous venons de parler subsistaient également : car en s'approchant de l'Elbe on couvrait les magasins, en laissant le chemin libre vers Prague; et en