<145>land. Voilà quels furent les motifs importants qui engagèrent le Roi à attaquer le lendemain le maréchal Daun dans son poste.
On se mit en marche le 18 de grand matin. M. de Treskow avec l'avant-garde délogea d'abord ce corps des ennemis qui s'était campé la veille sur les hauteurs derrière Planian; ce début était nécessaire pour nettoyer le chemin de Kolin, sur lequel l'armée devait marcher en deux colonnes. Elle défila sur deux lignes par la gauche vis-à-vis celle des ennemis. Le maréchal Daun, qui découvrit le mouvement, changea aussitôt son front, et, marchant par sa droite, longea la croupe des montagnes qui vont vers Kolin. M. de Nadasdy s'était placé devant l'armée du Roi avec quatre à cinq mille hussards, qu'un corps de cavalerie poussait d'espace en espace; ce qui ralentit la marche des colonnes. On continua de presser ainsi ces troupes légères, jusqu'à ce qu'on eût gagné une éminence qu'il fallait occuper nécessairement pour attaquer l'ennemi.
Comme les troupes n'arrivèrent pas aussi promptement pour le bien des affaires qu'il aurait été à désirer, le Roi employa ce temps pour assembler les officiers généraux, et pour convenir avec eux de la disposition de la bataille. Une auberge se trouvait sur le chemin que tenaient les troupes, d'où l'on découvrait distinctement l'ordre dans lequel le maréchal Daun avait rangé ses troupes, et toutes les parties du terrain sur lequel il fallait agir. Ce fut dans ce lieu qu'on prit les mesures suivantes : il fut résolu d'attaquer la droite de l'ennemi, parce qu'elle était mal appuyée, et parce que c'était l'endroit le plus facile; le front des Autrichiens s'étendait sur des rochers âpres et escarpés, au pied desquels quelques villages semés dans la plaine étaient farcis de pandours; plus ils étaient inexpugnables dans cette partie, moins ils l'étaient à leur droite : l'endroit par lequel la gauche des Prussiens devait attaquer, était une hauteur qu'ils occupaient déjà; de là se présentait un cimetière isolé, garni de Croates, et qu'il fallait emporter; ensuite, en tournant un peu plus à gauche on prenait l'ar-