<15> et en robe de chambre; et cet exploit termina pour cette année les succès des Français en Flandre.
La fortune fut moins contraire aux Impériaux en Italie et en Provence. La révolution arrivée à Gênes fit à la vérité manquer l'expédition du comte de Browne sur Toulon. Cette révolution se fit par hasard. Les Autrichiens maltraitaient quelques bourgeois qui travaillaient à embarquer de l'artillerie pour Antibes; le peuple s'ameuta, soutint ses concitoyens insultés, et dans les premiers accès de sa fureur il chassa le marquis de Botta et toute la garnison autrichienne de Gênes. Ce contre-coup fit manquer l'armée de Provence de vivres et de munitions, et obligea M. de Browne à se retirer de cette province. Il mit à son retour le siége devant Gênes, et cette ville le soutint sans succomber; la France y envoya des secours sous M. de Boufflers, et depuis sous le duc de Richelieu, qui prirent tous deux de si justes mesures, qu'ils rendirent les efforts des Autrichiens inutiles. Les troupes combinées des Français et des Espagnols sous M. de Belle-Isle, voulurent, après la retraite de M. de Browne, se rouvrir le chemin de l'Italie. Les Français s'approchèrent les premiers du col de l'Assiette : M. de Belle-Isle trouvant ce poste faiblement défendu, le jugea insultable; il manda les Espagnols pour l'attaquer à forces réunies, et les Espagnols différèrent trois jours avant de le joindre. Cela donna le temps au roi de Sardaigne de renforcer ceux qui défendaient cette gorge, qu'il lui était si important de conserver : sur cela, les Espagnols arrivèrent, et quoique les conjonctures ne fussent plus les mêmes que lorsque M. de Belle-Isle les avait mandés, il n'en voulut point avoir le démenti; il attaqua les Sardois avec beaucoup de vigueur, et après avoir employé tout ce que lui pouvait inspirer l'audace et le courage, il se fit tuer en arrachant de ses mains une palissade du retranchement ennemi : ne pouvant surmonter les obstacles que la nature et l'art lui avaient opposés, ses efforts ne servirent qu'à augmenter ses pertes. Les troupes des deux couronnes