<150> Le corps qui avait campé du côté de Saint-Michel, se retira au delà de l'Elbe par Alt-Bunzlau et Brandeis, pour se joindre à l'armée de Kolin, qui campait à Nimbourg. Le corps du maréchal Keith devait se replier sur Welwarn, pour couvrir les magasins de Leitmeritz et d'Aussig; des contre-temps s'en mêlèrent, les ponts ne furent pas relevés assez vite, on fut obligé d'attendre, et le maréchal Keith ne put quitter son camp qu'à onze heures. Les Prussiens de Saint-Michel étaient partis à trois heures du matin. Le prince de Lorraine, qui eut d'abord des avis de la bataille que le maréchal Daun venait de gagner, se prépara à faire une sortie sur les troupes du maréchal Keith prêtes à lever le piquet. Il sortit du Petit-Côté, et canonna vivement les deux colonnes prussiennes qui se retiraient par le couvent de la Victoire; les grenadiers de l'arrière-garde calmèrent l'impétuosité des ennemis, et le prince de Prusse prit une position à Russin, d'où il protégea la retraite des troupes. Les Prussiens ne perdirent que deux cents hommes de tués et de blessés dans cette affaire; le prince de Lorraine y gagna deux pièces de trois livres dont les chevaux furent tués, seul trophée qu'il remporta de son expédition.
Le corps avec lequel le Roi avait marché à Brandeis, prit le lendemain le camp de Lissa, où il se joignit avec les débris des troupes de Kolin. L'on supposait que le maréchal Daun agirait contre l'armée du Roi, et le prince de Lorraine contre celle du maréchal Keith, et l'on se trompa. Les Autrichiens perdirent beaucoup de temps à faire avancer leurs magasins; après huit jours, les deux armées autrichiennes se joignirent à Brandeis. Le prince de Prusse prit le commandement de l'armée de Lissa, avec laquelle il marcha à Jung-Bunzlau, et bientôt à Böhmisch-Leipa. Le Roi prit le chemin de Melnik, pour se joindre au maréchal Keith avec un renfort qu'il lui mena; il passa l'Elbe à Leitmeritz : pour ne pas perdre cependant la communication avec le prince de Prusse, il laissa le prince Henri avec un