<158> rencontre, entre dans le bois, prend les Français à dos, les chasse; il leur prend leurs canons et leurs drapeaux : tout le monde croit la bataille gagnée par les alliés; M. d'Estrées, qui voit ses troupes en déroute, ordonne la retraite; le duc d'Orléans s'y oppose; enfin, au grand étonnement de toute l'armée française, on apprend que le duc de Cumberland est en pleine marche, et qu'il se replie sur Hameln. Le Prince héréditaire fut obligé d'abandonner cette batterie qu'il avait reprise avec tant de gloire, et cette retraite se fit avec tant de précipitation, qu'on oublia même ce brave colonel Breitenbach qui avait si bien mérité cette journée : ce digne officier demeura seul maître du champ de bataille; il partit la nuit pour joindre l'armée; il apporta ses trophées au duc, qui pleura de désespoir de s'être trop précipité la veille à quitter un champ de bataille dont on ne lui disputait plus la possession. Quelques représentations que lui fissent le duc de Brunswic et des généraux de son armée, on ne put jamais le dissuader de continuer sa retraite. Il marcha d'abord à Nienbourg, ensuite à Verden, d'où il prit par Rotenbourg et Bremervörde le chemin de Stade. Par cette manœuvre malhabile il abandonna tout le pays à la discrétion des Français : Hameln fut d'abord occupé par le duc de Fitzjames; mais ce qu'il y eut de singulier et de remarquable, fut que M. d'Estrées fut rappelé pour avoir remporté une victoire.
Le duc de Richelieu, auquel la cour donna le commandement de cette armée, arriva le 7 à Münden; il prit Hanovre, le duc d'Ayen, Brunswic, et M. Le Voyer, Wolfenbüttel. Il envoya le prince de Soubise avec un détachement de vingt-cinq mille hommes à Erfurt, où il devait être joint par l'armée des cercles et un détachement d'Autrichiens. Le duc de Richelieu se mit de son côté aux trousses des alliés; il passa l'Aller, et se campa à Verden. M. d'Armentières s'empara en même temps de Brême le 1er de septembre. L'armée française s'avança vers Rotenbourg, dans l'intention d'attaquer le duc de Cumberland;