<163> de Hanovre demeureraient tranquillement à Stade à l'autre bord de l'Elbe, dans un district qui leur fut assigné; rien ne fut réglé touchant l'électorat de Hanovre, ni des contributions, ni des restitutions, de sorte que cet État se trouvait abandonné à la discrétion des Français. A peine cette convention fut-elle conclue, que, sans en attendre la ratification, le duc de Cumberland s'en retourna en Angleterre, et le duc de Richelieu se prépara de son côté à faire une invasion dans la principauté de Halberstadt.
Dans ce temps, on intercepta dans l'armée prussienne des lettres du comte Lynar au comte de Reuss; ces deux hommes, de la secte qu'on nomme piétistes, avaient l'esprit abruti par le fanatisme. Le comte de Lynar, en parlant à son ami de cette négociation, lui dit : « L'idée qui me vint de faire cette convention, était une inspiration céleste; le Saint-Esprit m'a donné la force d'arrêter les progrès des armes françaises, comme autrefois Josué arrêta le soleil; Dieu tout-puissant, qui tient l'univers en ses mains, s'est servi de moi indigne, pour épargner ce sang luthérien, ce précieux sang hanovrien qui allait être répandu. »a Le malheur a voulu que le comte Lynar s'est applaudi tout seul : nous le laisserons entre Josué et le soleil, pour en revenir à des objets plus intéressants.
Cette indigne convention acheva de déranger les affaires du Roi; sa soi-disant armée était de dix-huit mille hommes, et il se trouvait réduit à faire un détachement pour couvrir Magdebourg, ou pour en renforcer la garnison. Cependant, comme M. de Soubise se trouvait à Erfurt, il voulut tenter les moyens de l'en éloigner, afin de pouvoir s'affaiblir ensuite avec moins de danger. Le Roi s'avança pour cet effet à Erfurt avec deux mille chevaux, un bataillon franc
a L'authenticité de cette lettre est mise en doute dans l'ouvrage intitulé : Des Grafen Rochus Friedrich zu Lynar Hinterlassene Staatsschriften. Hambourg, 1797, t. II, p. VIII et IX.
Ce comte de Lynar est le frère cadet du comte Maurice-Charles de Lynar dont le Roi fait mention t. II, p. 73, 90 et 112.