<165> plus doux et plus pacifiques; il s'aperçut que le duc de Richelieu, se défiant de son crédit, ne croyait pas avoir assez d'influence auprès du ministère et du Roi, pour leur faire changer de système et d'opinion sur l'alliance avec la maison d'Autriche, qui, étant récemment conclue, plaisait par sa nouveauté même. Cet émissaire, voyant que tout ce qu'il pourrait dire sur ce sujet ne mènerait à rien, se rabattit à demander au duc qu'il voulût au moins avoir quelques ménagements pour les provinces du Roi où il faisait la guerre. En même temps, on régla avec lui les contributions; et il n'est pas douteux que les sommes qui passèrent entre les mains du maréchal, ne ralentirent dans la suite considérablement son ardeur militaire.
Bientôt le Roi fut encore obligé d'affaiblir son armée par un nouveau détachement : il envoya le prince Maurice à Leipzig avec dix bataillons et dix escadrons; il s'y tint comme dans une position centrale, d'où il fût à portée de se joindre dans le besoin au Roi ou au prince Ferdinand, et d'où il pût avoir l'œil sur M. de Marschall, campé à Bautzen avec quinze mille Autrichiens : ce corps de M. de Marschall inquiétait avec d'autant plus de raison, que, la Lusace étant ouverte, tout était à craindre qu'il ne fît une irruption dans l'Électorat et même à Berlin. Cette capitale était également menacée du côté de la Poméranie par les Suédois, dont M. de Manteuffel avec cinq cents hussards et quatre bataillons retardait les progrès. Après que ces deux corps eurent quitté le camp d'Erfurt, il ne resta plus au Roi que huit bataillons et vingt-sept escadrons. Si l'ennemi s'était aperçu de la faiblesse de ce corps, il n'est pas douteux qu'il ne se fût mis en action; c'est ce qu'il fallait empêcher sur toute chose, et ce qui fit recourir à différents expédients pour en imposer au peuple d'Erfurt et aux Français mêmes : par cette raison, les troupes ne campèrent point; l'infanterie était répandue dans les villages voisins de la ville; on lui fit changer à différentes reprises de quartiers, et comme chaque fois les régiments changeaient de nom, cela multipliait l'ordre