<166> de bataille, que les espions recueillaient avec soin pour en instruire le prince de Soubise.
Deux jours après que les Prussiens eurent pris Erfurt, le Roi fit une reconnaissance vers Gotha avec vingt escadrons de hussards et de dragons, pour éprouver si l'on n'en pourrait pas déloger ces deux régiments de hussards impériaux si souvent battus; cela réussit au delà de ce qu'on devait espérer : l'appréhension que ces hussards avaient des Prussiens, précipita leur retraite; proche de Gotha, ils avaient un défilé à passer, où ils perdirent cent quatre-vingts hommes; on les poursuivit même jusqu'à la vue d'Eisenach, où campait M. de Soubise, qui venait d'être joint par le prince de Hildbourghausen, général en chef de l'armée des cercles. La maison ducale fut charmée de se voir débarrassée de ces hôtes indiscrets; elle avait également à se plaindre des Français et des Autrichiens : les Français avaient commis des violences au château, dont ils avaient enlevé les canons par force; et les officiers autrichiens, peu mesurés dans leurs propos, s'étaient comportés avec une arrogance peu convenable envers des princes souverains d'une des plus anciennes maisons de l'Empire.
M. de Seydlitz demeura avec cette cavalerie à Gotha, pour veiller de là sur les mouvements de l'ennemi, et avertir à temps la petite armée d'Erfurt, pour que dans le besoin elle pût se replier avant l'approche de l'armée d'Eisenach. Peu de jours après, M. de Seydlitz fut attaqué par un corps bien supérieur au sien. Le prince de Hildbourghausen voulut signaler son commandement par un coup d'éclat : il proposa au prince de Soubise de déloger les Prussiens de Gotha. Tous deux se mirent en marche avec les grenadiers de leur armée, la cavalerie autrichienne, Loudon et ses pandours, et toutes les troupes légères de l'armée française. M. de Seydlitz fut averti à temps du projet que les ennemis formaient contre lui; bientôt il les vit paraître : une colonne de cavalerie embrassait Gotha par la droite, en cheminant sur la crête des hauteurs qui vont vers la Thuringe; une autre