<17> étaient bloqués par les flottes anglaises. A ces raisons d'État, dont le ministère de Versailles faisait montre en public, se joignaient des causes secrètes, qui en furent les plus puissants motifs. Depuis peu madame de Pompadour était devenue maîtresse du Roi; elle craignait que la continuation de la guerre n'engageât Louis XV à se mettre tous les ans à la tête de son armée : les absences sont dangereuses pour les favoris et pour les maîtresses; elle comprit que pour fixer le cœur de son amant, il fallait écarter tout prétexte qui pût l'éloigner d'elle, en un mot, qu'il fallait faire la paix; et dès lors elle y travailla de tout son pouvoir. Lorsque M. de Saint-Séverin partit de Versailles comme plénipotentiaire pour Aix-la-Chapelle, elle lui dit ces propres mots : « Au moins souvenez-vous, monsieur, de ne pas revenir sans la paix; le Roi la veut à tout prix. »
Le congrès s'assembla donc à Aix-la-Chapelle. La ville de Mastricht se rendit, et la paix fut publiée. Par ce traité la France rendit à la maison d'Autriche toutes ses conquêtes en Flandre et en Brabant; moyennant quoi, l'Impératrice céda le Parmesan et le Plaisantin à Don Philippe, réversibles toutefois à la maison d'Autriche, puisqu'il était stipulé que lorsque Don Carlos monterait au trône d'Espagne, Don Philippe lui succéderait au royaume de Naples; et il est remarquable que cet article fut ainsi conçu sans que les rois d'Espagne et de Naples, ni Don Philippe en aient eu connaissance, et eussent consenti à cet arrangement; aussi en témoignèrent-ils leur mécontentement, en protestant contre toutes les mesures prises à Aix-la-Chapelle, contraires à l'indépendance de leurs couronnes. Les intérêts de la France et de l'Angleterre furent réglés dans le IXe article, où l'Angleterre s'engage de rendre le Cap-Breton aux Français, et où les deux couronnes se garantissent leurs possessions respectives en Amérique, selon la teneur du traité d'Utrecht; elles convinrent toutefois d'assembler quelques commissaires pour vider quelques