<175> opposés à ceux qui se montraient derrière son front, que ces derniers se retirèrent avec promptitude; alors les gardes du corps et les gendarmes furent mis en œuvre contre l'infanterie française, qui se trouvait dans le plus grand dérangement; la cavalerie l'attaqua, et l'ayant facilement dispersée, elle fit un nombre considérable de Français prisonniers. Il était six heures du soir quand ce choc se donna; le temps était couvert, et l'obscurité si grande, qu'il y aurait eu de l'imprudence à poursuivre l'ennemi, quelle que fût la confusion dans laquelle il poursuivait sa déroute. Le Roi se contenta d'envoyer à ses trousses différents partis de cuirassiers, de dragons et de hussards, dont aucun ne passait trente maîtres. Pendant cette action, dix bataillons de la droite des Prussiens avaient gardé le fusil sur l'épaule sans charger; le prince Ferdinand de Brunswic, qui les commandait, n'avait pas quitté le marais de Braunsdorf, qui couvrait une partie de son front; il avait chassé les troupes des cercles qui lui étaient opposées, par quelques volées de canon qui leur firent lâcher pied. Il n'y eut que sept bataillons de l'armée du Roi qui furent dans le feu, et tout l'engagement du combat, jusqu'à la décision, ne dura qu'une heure et demie.
Le lendemain, le Roi partit dès la pointe du jour avec les hussards et les dragons; il suivit les traces des ennemis, qui s'étaient retirés par Freybourg. L'infanterie eut ordre de prendre le même chemin; l'arrière-garde française y était encore; les dragons mirent pied à terre, et chassèrent des jardins quelques détachements ennemis; ensuite on fit des dispositions pour attaquer le château; mais l'ennemi n'en attendit pas l'exécution : il repassa l'Unstrut en hâte et brûla ses ponts. Les détachements que le Roi avait faits la veille, arrivèrent alors successivement : les uns amenaient des officiers, d'autres des soldats, d'autres des canons; enfin aucun d'eux ne revint les mains vides. On travailla cependant avec tant de diligence à rétablir le pont de l'Unstrut, qu'en moins d'une heure il fut en état de servir.