<179> avaient été profanées avec une indécence grossière, et la fougue effrénée des Français avait mis tous les paysans de la Thuringe dans les intérêts de la Prusse.

Cependant le Roi était sur son départ : les affaires de la Silésie demandaient sa présence et des secours; il se proposa de marcher droit à Schweidnitz, pour en faire lever le siége à M. de Nadasdy. Il partit pour la Silésie le 12 de novembre, de Leipzig, à la tête de dix-neuf bataillons et de vingt-huit escadrons. Le maréchal Keith marcha en même temps avec un petit corps pour pénétrer en Bohême du côté de Leitmeritz, afin de faciliter au Roi le passage de la Lusace, et d'obliger par cette diversion M. de Marschall à quitter les environs de Bautzen et de Zittau. Le maréchal Keith prit un magasin considérable que les ennemis avaient à Leitmeritz, d'où il fit mine de s'avancer vers Prague. Le Roi entra en même temps en Lusace; il délogea M. de Hadik de Grossenhayn, et M. de Marschall à son approche se replia sur Lobau; en marche de Bautzen au Weissenberg, on fit tourner une tête de colonne vers Löbau, et à son aspect M. de Marschall se replia sur Gabel : le Roi poursuivit ensuite sa route sans empêchement. En arrivant à Görlitz, il reçut la fâcheuse nouvelle de la reddition de Schweidnitz. Cette place fut prise de la manière suivante : M. de Nadasdy avait ouvert la tranchée le 27 d'octobre, entre le fort de Bögendorf et la tuilerie; sa troisième parallèle était achevée le 10 de novembre. La garnison avait fait quelques sorties avec succès; quoique les bombes eussent ruiné une partie de la ville, l'ennemi n'avait encore emporté aucun ouvrage; impatient d'être aussi peu avancé, M. de Nadasdy se détermina à risquer un coup de main : la nuit du 11, il fit donner un assaut général à toutes les redoutes qui environnent le corps de la place, et deux furent emportées. Ce malheur fit tourner la tête à M. de Seers,a qui en était gouverneur, et


a Philippe-Loth de Seers, général-major et chef des ingénieurs. Il avait bâti la forteresse de Schweidnitz.