<18> différends sur les limites du Canada. Enfin l'article XXIIe contient la garantie de la Silésie, que toutes les puissances donnèrent au roi de Prusse.
Il est visible, pour peu d'attention qu'on fasse à cette paix, que c'était l'ouvrage d'un mouvement précipité et fait à la hâte, où les puissances sacrifiaient à l'embarras présent de leurs affaires les intérêts de l'avenir : on éteignait d'une part l'incendie qui embrasait l'Europe, et de l'autre on amassait des matières combustibles, pour qu'elles prissent feu à la première occasion. Il ne fallait que la mort du roi d'Espagne pour exciter de nouveaux troubles, et les limites indéterminées du Canada ne pouvaient manquer de mettre un jour les Français aux prises avec les Anglais. Il ne s'agirait quelquefois que d'une campagne de plus, ou de quelque fermeté dans les négociations, pour terminer pour longtemps les querelles des souverains; mais on préfère les palliatifs aux topiques, et une trêve que l'on signe par impatience à une paix solide.
La cour de Vienne avait perdu par cette guerre les duchés de Silésie, le Parmesan et le Plaisantin; elle souffrait impatiemment cette diminution de sa puissance, et comme elle en rejetait la faute principale sur les Anglais, qu'elle n'accusait pas sans raison de sacrifier les intérêts de leurs alliés aux leurs propres, cela lui donnait du dégoût de cette alliance, et la portait à sonder le terrain à la cour de Versailles, pour essayer de détacher cette puissance de la Prusse, et pour éprouver en même temps s'il ne se trouverait pas quelque expédient par lequel on pourrait concilier les intérêts des deux cours. Le comte Kaunitz, duquel ce projet venait particulièrement, étant plénipotentiaire de l'Impératrice-Reine à Aix-la-Chapelle, ne tarda pas à en faire les premières propositions à M. de Saint-Séverin; il lui dit, par manière d'insinuation, que si la France voulait s'entendre avec la maison d'Autriche, il y aurait des engagements de bienséance à prendre entre