<180> à M. de Grumbkow, qui lui était adjoint : ils capitulèrent et se rendirent prisonniers de guerre avec leur garnison, consistant en dix escadrons de hussards et dix bataillons d'infanterie. Les Autrichiens désarmèrent ces troupes, et comme elles étaient la plupart silésiennes, ils leur donnèrent des passe-ports et la liberté de retourner à leurs villages. Cet événement ne pouvait pas arriver plus mal à propos pour déranger les projets du Roi. Toutefois sa jonction avec le prince de Bevern en devenait d'autant plus nécessaire, qu'il était aisé de prévoir que M. de Nadasdy, ayant pris Schweidnitz, joindrait le maréchal Daun, pour accabler ce qui restait de Prussiens auprès de Breslau.
Le Roi avait à la vérité ordonné au prince de Bevern d'attaquer l'ennemi, et de ne pas souffrir qu'on prît Schweidnitz pour ainsi dire à sa vue : la chose était très-faisable, vu la position des Autrichiens à Lissa; le prince de Bevern n'avait qu'un mouvement à faire pour se porter sur le flanc de l'ennemi, qu'il aurait battu probablement; alors le siége de Schweidnitz était levé, et les Impériaux déconcertés : au lieu qu'en demeurant dans l'inaction, M. de Nadasdy ne pouvait pas manquer à la longue de prendre une place qui n'avait point de secours à espérer; et toutes ces troupes ennemies, venant à fondre sur les Prussiens, auraient enfin forcé les retranchements de la Lohe. Le malheur voulut que ce prince ne comprît pas la force de ces raisons; les généraux le déterminèrent cependant un jour à tenter cette entreprise; il sortit de son camp, et battit les troupes légères qui couvraient le flanc droit des Autrichiens : alors, au lieu d'attaquer l'armée et de la pousser dans l'Oder, comme cela serait arrivé, son incertitude, sa timidité, le peu de confiance qu'il avait en lui-même, et la crainte d'une entreprise dont l'événement n'est jamais d'une sûreté évidente, le retinrent; il crut en avoir fait assez, et il ramena les troupes dans ses retranchements.
Le Roi arriva à Naumbourg-sur-le-Queis le 24 de novembre; il y apprit la victoire des Autrichiens sur le prince de Bevern, et la