<182>taques, mais il poursuivit M. de Nadasdy jusqu'au delà de la Lohe, et les ennemis en déroute se retirèrent au delà du ruisseau de Schweidnitz. Pendant ce temps-là, les Autrichiens qui attaquaient le prince de Bevern, avaient passé la Lohe sous la protection de leur artillerie; ils prirent aussitôt les redoutes prussiennes par les gorges; les troupes se défendirent bien, et les Prussiens les en délogèrent même à diverses fois : le prince Ferdinand de Prusse repoussa même une partie des ennemis jusqu'à la Lohe; mais ils étaient trop en force, le camp était perdu et la nuit close.a Quoiqu'il y eût encore des ressources, le prince de Bevern ne les vit pas; il repassa l'Oder dans la première consternation, et jeta M. de Lestwitz avec huit bataillons dans Breslau; il perdit ainsi quatre-vingts pièces de canon et près de huit mille hommes, que l'attaque du camp de Lissa ne lui aurait pas coûtés. Les Autrichiens prétendirent que cette action leur avait mis dix-huit mille hommes hors de combat, et il est vrai que les villages des environs étaient remplis de leurs blessés. Le lendemain, ou pour mieux dire la nuit, le prince de Bevern s'avisa d'aller reconnaître le corps de M. de Beck, qui campait près de lui; il était seul, et se laissa prendre par des pandours. M. de Kyau, qui était après lui le plus ancien des généraux, prit le commandement des troupes, et sans aviser à ce qu'il y avait à faire, il prit le chemin de Glogau. A peine M. de Lestwitz se crut-il isolé dans Breslau, qu'il perdit la tramontane : les Autrichiens s'approchèrent de cette capitale, et M. de Lestwitz, qui jusqu'alors avait eu la réputation d'un brave officier, sans attendre que l'ennemi tirât un seul coup de canon contre les remparts, demanda à capituler, et obtint la libre sortie avec armes et bagages; il suivit, deux jours après, avec sa garnison dont la moitié déserta, le chemin que M. de Kyau avait pris.
a La patrie eut à déplorer dans cette journée la perte de trois généraux d'infanterie : le général-major Frédéric-Louis de Kleist, qui resta sur le champ de bataille; puis le général-major Jean-Louis d'Ingersleben et le lieutenant-général Gaspard-Ernest de Schultz, qui furent mortellement blessés.