<187>vèrent à la bataille de Prague, et qui causèrent la perte de celle de Kolin. Déjà M. de Wedell,a qui devait avoir avec ses dix bataillons de l'avant-garde la première attaque, s'était rendu à la tête de l'armée; déjà les têtes des colonnes avaient gagné le ruisseau de Schweidnitz, sans que l'ennemi s'en aperçût. Le maréchal Daun prit le mouvement des Prussiens pour une retraite, et dit au prince de Lorraine : « Ces gens s'en vont, laissons-les faire. » Cependant M. de Wedell s'était formé devant les deux lignes d'infanterie de la droite; son attaque était soutenue par une batterie de vingt pièces de douze livres, dont le Roi avait dépouillé les remparts de Glogau. La première ligne reçut ordre d'avancer en échelons, les bataillons à cinquante pas de distance en arrière les uns des autres, de sorte que, la ligne étant en mouvement, l'extrémité de la droite se trouvait avancée de mille pas de plus que l'extrémité de la gauche, et cette disposition la mit dans l'impossibilité de s'engager sans ordre. Sur cela, M. de Wedell attaqua le bois où commandait M. Nadasdy; il n'y trouva pas grande résistance, et l'emporta assez vite. Les généraux autrichiens, se voyant tournés et pris en flanc, essayèrent de changer de position; ils voulurent, mais trop tard, former une ligne parallèle au front des Prussiens : tout l'art des généraux du Roi consista à ne leur en pas donner le temps. Les Prussiens s'établissaient déjà sur une hauteur qui commande le village de Leuthen; dans l'instant que l'ennemi voulut y jeter de l'infanterie, une seconde batterie de vingt pièces de douze livres s'exécuta sur eux si à propos, qu'ils en perdirent l'envie et se retirèrent. Du côté de l'attaque de M. de Wedell, les Autrichiens se saisirent d'une butte voisine du ruisseau, pour l'empêcher de balayer leur ligne d'une aile à l'autre; M. de Wedell ne les y souffrit pas long-
a Charles-Henri de Wedell, frère cadet de George-Vivigenz de Wedell (t. III, p. 78), né le 12 juillet 1712 à Malchow dans la Marche-Ukraine, colonel en 1756, général-major le 6 décembre 1757, et le 26 février 1759, lieutenant-général. C'est le même qui eut le malheur de perdre la bataille de Kay.