<189> pas aperçus dans cette confusion que le corps de M. de Wedell était dans leur voisinage; ils furent tout à coup pris en flanc et à dos par ce brave et habile général, et sa belle manœuvre, en fixant la victoire, termina cette importante journée.
Le Roi, ramassant les premières troupes qui se présentèrent, se mit à la poursuite des ennemis avec les cuirassiers de Seydlitz et un bataillon de Jeune-Stutterheim;a il s'avança dirigeant sa marche entre le ruisseau de Schweidnitz et le bois de Lissa. L'obscurité devint si grande, qu'il poussa quelques cavaliers en avant pour reconnaître les forêts et pour donner des nouvelles; de temps à autre, il fit tirer quelques volées de canon vers Lissa, où le gros de l'armée autrichienne s'était enfui : en approchant de ce bourg, l'avant-garde essuya une décharge d'environ deux bataillons, dont personne ne fut blessé; elle y répondit par quelques volées de canon, en poursuivant toujours sa marche. Chemin faisant, les cuirassiers de Seydlitz amenaient des prisonniers par bandes. En arrivant à Lissa, le Roi trouva toutes les maisons pleines de fuyards et de gens débandés de l'armée impériale; il s'empara d'abord du pont, où il plaça ses canons, avec ordre de tirer tant qu'il y aurait de la poudre. Sur le chemin de Breslau, où l'ennemi avait pris sa retraite, il fit jeter des pelotons d'infanterie dans les maisons les plus voisines du ruisseau de Schweidnitz, pour tirer, tant que la nuit dure, sur l'autre bord, tant pour entretenir la terreur chez les vaincus, que pour les empêcher de jeter quelques troupes de l'autre bord pour en disputer le passage le lendemain. Cette bataille avait commencé à une heure de l'après-midi; il en était huit lorsque le Roi avec son avant-garde arriva à Lissa.
a Othon-Louis de Stutterheim, frère cadet du général Joachim-Frédéric de Stutterheim, né dans la Lusace en 1718, obtint en avril 1759, avec le grade de général-major, le régiment d'infanterie no 20. Il fut nommé lieutenant-général en 1767, et jusqu'au commencement de la guerre de succession de Bavière, il resta à la tête de ce même régiment, dont, avant lui, le général-major Auguste-Gottlieb de Bornstedt avait eu le commandement, et auquel le Roi donne le nom du chef qui le commandait au moment où il composa cette histoire.