<202> par un corps d'Anglais, qui les joignit effectivement dans l'année 1758. De plus, il jugea convenable à la gloire de sa nation de renouveler les alliances qu'elle avait contractées tant avec le roi de Prusse qu'avec divers princes d'Allemagne. Il envoya à cette fin M. Yorkea en Silésie, où une nouvelle convention fut signée : par l'un des articles, le roi d'Angleterre s'engageait à payer au roi de Prusse un subside annuel de quatre millions d'écus, pour la durée de cette guerre. Le Roi se trouvait dans la nécessité d'accepter ce subside, qui d'ailleurs répugnait à sa façon de penser : mais les Français l'avaient dépouillé des provinces qu'il possédait dans le Bas-Rhin; il était à la veille de voir envahir la Prusse par les Russes. Cela pouvait d'autant moins s'empêcher, que le maréchal Lehwaldt avait été obligé d'accourir en Poméranie pour s'opposer aux Suédois. Après tout, ce subside était le seul secours à tirer de l'Angleterre, puisqu'elle avait décliné à plusieurs reprises la demande qu'on lui avait faite d'envoyer une escadre dans la Baltique.
M. Pitt envoya dans ce temps le chevalier Keith en Russie, pour balancer par ses intrigues celles du parti français et autrichien, et pour tenter de dessiller les yeux de l'Impératrice, fascinés et aveuglés par les préventions qu'on lui avait inspirées contre le roi de Prusse. M. Goderich partit, dans une vue à peu près semblable, pour la Suède; mais le parti français, qui dominait despotiquement dans le sénat de Stockholm, fit jouer tous ses ressorts pour interdire à cet Anglais l'entrée du royaume : M. Goderich resta en Danemark, et les sénateurs s'applaudirent d'avoir empêché que l'argent de l'Angleterre ne culbutât leur système. Tandis que M. Pitt prenait de si justes mesures pour la politique, les ports de la Grande-Bretagne se remplissaient de vaisseaux; les projets pour la campagne de mer et de terre étaient arrêtés, et une activité nouvelle ranimait toutes les branches du gouvernement.
a Sir Joseph Yorke, ministre d'Angleterre à la Haye.