<206>tassent les puissances avec lesquelles ils étaient en guerre, ils les firent redoubler d'efforts pour paraître plus redoutables et plus dangereux que jamais à l'ouverture de la campagne prochaine.
Des mesures semblables se prenaient de la part du Roi pour rétablir pendant l'hiver l'armée, et la remettre en état d'agir avec vigueur. Il y avait à réparer les pertes qu'entraînaient sept batailles rangées que les Prussiens avaient livrées à leurs ennemis; mais quelque monde qu'eût consumé la guerre, cela n'approcha pas des ravages que des maladies épidémiques faisaient dans les hôpitaux; c'étaient des espèces de fièvres chaudes accompagnées de tous les symptômes de la peste; les malades tombaient en délire le premier jour de la maladie; ils prenaient des charbons au cou ou bien aux aisselles : que les médecins saignassent ou ne saignassent point, cela était égal; la mort emportait indifféremment tous ceux qui se trouvaient atteints de ce mal; le poison était même si violent, que, par des progrès rapides, les effets devenaient si prompts, que dans trois jours il mettait un homme au tombeau. On se servit sans effet de toutes sortes de remèdes; enfin, on eut recours à l'émétique, qui réussit; on en délaya trois grains dans une mesure d'eau, on en fit boire au malade jusqu'à ce que le remède commençât d'opérer, et ce fut un spécifique souverain contre cette maladie, car depuis que l'on s'en servit, de cent personnes à qui on le fit prendre, il en périt à peine trois. Sans doute que les causes de la maladie ne venaient que d'une transpiration arrêtée par le froid, et des indigestions causées par de mauvaises nourritures, qui ne pouvaient être guéries que par de fortes évacuations, et non par d'autres remèdes. Quoique le monde que l'armée perdit dans les hôpitaux fût considérable, on parvint cependant à rassembler pendant l'hiver la plupart des recrues dont on avait besoin pour recompléter l'armée; mais il fut impossible de s'en servir d'abord au printemps, parce que c'étaient, la plupart, des paysans qu'il fallait exercer et discipliner, et que la campagne commença de très-bonne heure.