<24> par les secrétaires de légation autrichiens et anglais. L'évasion de ce ministre obligea le Roi à rappeler également le comte Finck de Pétersbourg, où il avait succédé à M. de Mardefeld.
Dès que les Autrichiens furent délivrés en Russie d'un ministre prussien qui les gênait, ils lâchèrent le frein à leur mauvaise volonté, et ils n'eurent point honte de débiter les mensonges et les calomnies les plus atroces, pour envenimer l'esprit de l'impératrice Élisabeth contre le Roi. Ils lui persuadèrent que ce prince avait tramé un complot contre sa vie, pour élever le prince Iwan sur le trône. L'Impératrice, qui était d'un caractère indolent et facile, les en crut sur leur parole, pour s'épargner la peine d'examiner la chose; et elle fit donner un philtre au prince Iwan, qui lui dérangea les organes du cerveau, et elle conçut pour le Roi une haine irréconciliable. La France n'avait dans ce temps aucun ministre à Pétersbourg; celui que la Suède y entretenait, était plus russe que suédois, et par conséquent peu propre à servir le Roi; de sorte qu'il n'y avait aucune voie pour parvenir à l'Impératrice, et pour la tirer de l'erreur où la jetaient le ministre d'Autriche et ses créatures. La cour de Vienne, satisfaite des sentiments de haine et d'animosité dont elle avait rempli la cour de Pétersbourg pour la Prusse, était trop habile pour pousser les choses plus loin; elle se contenta d'avoir disposé les esprits à la rupture, mais elle n'en voulut pas précipiter l'événement, pour achever ses arrangements intérieurs, et pour attendre qu'une occa-