<244> au pied de ce moulin; de sorte qu'au cas que l'ennemi y eût placé des troupes, il fallait passer la Sprée derrière le camp et la repasser plus bas, ce qui faisait un circuit de deux milles de détour pour les troupes.
Le maréchal Daun, de son côté, supposait que le Roi, lorsqu'il apprendrait le siége de Neisse, n'aurait aucun autre expédient pour se rendre en Silésie que celui de l'attaquer, et ce fut la raison qui lui fit prendre cette position de Cannewitz et de Wurschen, et qui lui donna l'idée de se retrancher. Cela parut même par une lettre qu'il écrivit à M. de Harsch, dans laquelle il dit : « Faites votre siége tranquillement; je tiens le Roi; il est coupé de la Silésie, et s'il m'attaque, je vous en rendrai bon compte. » Il en arriva tout différemment que le maréchal se l'imaginait. Le prince Henri partit, avec son détachement, de Gamig; il passa par Marienstern, et arriva le 21 à l'armée du Roi, sans rencontrer d'ennemis sur sa route.
Tous les préparatifs de la marche ne purent être achevés que le 24, et le même soir l'armée se mit en marche. La garnison de Bautzen servit d'escorte aux vivres de l'armée; ce corps prit les devants dès la nuit précédente, et passa par Cummerau, Neudorf, Troben et Culmen. L'armée marcha sur deux colonnes. On forma l'arrière-garde sur la hauteur du moulin à vent, d'où l'on prit par Leichnam, Jeschnitz, tournant entièrement la droite de l'ennemi; ensuite on se porta sur Weigersdorf, et de là sur Ullersdorf, où l'armée campa. M. de Möhring, qui avait eu l'avant-garde du bagage, surprit près d'Ullersdorf trois cents cavaliers autrichiens, dont peu se sauvèrent, et la colonne du Roi ayant donné proche de Weigersdorf sur un bataillon de pandours qui ne se croyait pas exposé à l'ennemi, ce bataillon fut totalement détruit.
Le lendemain 26, l'armée devança le jour, pour gagner Görlitz avant le maréchal Daun. L'avant-garde, composée de hussards et de dragons, y arriva la première; elle trouva d'abord un corps de cava-