<25>sion favorable lui permît de mettre au jour ses vastes projets. C'était ainsi que l'Impératrice-Reine agitait toute l'Europe par ses intrigues, et tramait une conspiration sourde contre la Prusse, que le premier événement important devait faire éclater.
Cependant les différends que la Suède avait avec la Russie pour les frontières de la Finlande, furent terminés à l'amiable; mais vers la fin de l'année 1756 il se fit dans ce royaume une espèce de révolution, dont nous ne saurions nous dispenser de parler en peu de mots, parce que ses suites influèrent dans les affaires générales de l'Europe. Voici ce qui y donna lieu. La cour s'était depuis longtemps brouillée avec les sénateurs du parti français, à cause d'une place de général-major vacante que le Roi destinait à M. de Lieven, et le sénat, à M. de Fersen; le sénat l'emporta. La cour, vivement piquée de cet affront, contraria depuis dans toutes les occasions le parti français. Les comtes de Bonde et de Horn, et le sieur de Wrangel, avec nombre de seigneurs des premières familles du royaume, attachés au parti de la cour, la flattèrent de lui procurer la supériorité à la diète en faisant élire un maréchal qui fût entièrement à sa dévotion. Cependant l'événement tourna d'une manière toute contraire, et ce comte Fersen, ennemi de la cour, obtint cette charge par les intrigues et l'appui de la faction française. Dans cette diète, commencée le 17 octobre 1755, le sénat, fier de sa supériorité, présenta un mémoire aux états, pour décider la grande querelle qui était entre lui et le Roi touchant la distribution des charges. Comme les juges étaient à la disposition de l'ambassadeur de France, le sénat triompha; il abusa de sa victoire, et s'en servit pour diminuer cette ombre d'autorité dont le Roi avait joui jusqu'alors selon les lois du royaume. L'insolence de ces magistrats alla même jusqu'à dépouiller la Reine des joyaux de la couronne, et de ceux qui lui avaient été donnés; il s'en fallut peu qu'au mépris de la majesté souveraine ces sénateurs sédi-