RÉPONSE DU ROI DE PRUSSE.
Sedlitz,a le 11 septembre 1756.
Que Votre Majesté daigne se rappeler ce dont je lui ai sans cesse fait mention; savoir : qu'étant parfaitement instruit des mauvaises intentions de son ministre, il m'est convenable d'employer quelques précautions pour ma propre sûreté dans les commencements d'une guerre que l'Impératrice-Reine a suscitée contre moi. Il s'agit d'abord de m'assurer du cours de l'Elbe, et en second lieu, d'empêcher qu'il ne me reste en arrière une armée qui n'attendrait que le moment favorable que je serais en prise avec l'ennemi, afin de pouvoir alors me tomber sur les bras. C'est ce qui me retient et me retiendra ici jusqu'à ce que cet obstacle soit levé; et comme la réponse que je reçois actuellement de Vienne me pousse à l'extrémité, je ne saurais rien changer en cette affaire. La reine de Pologne et toute la famille royale se portent bien; elles peuvent aller partout où bon leur semble, et elles ont toute la liberté possible, de même que tous ceux qui se trouvent dans les emplois publics de Votre Majesté. Elle voit par là que je tiens ma parole; et si elle souhaite de venir aujourd'hui ou demain faire un tour par mon armée, Votre Majesté verra que chacun aura pour sa personne autant d'estime que si nous vivions ensemble en parfaite harmonie.
a Gross-Sedlitz.