<29> paix de Westphalie; elle voulut se servir de ce prétexte pour déclarer la guerre au Roi, et pour réclamer en même temps l'assistance des puissances qui avaient garanti cette paix. Nous verrons dans la suite de cet ouvrage que, quoique ce prétexte manquât à la cour de Vienne, il ne lui fut pas difficile d'en trouver un autre. L'occasion qu'elle désirait avec impatience, ne tarda pas à se présenter, et elle la saisit avec empressement : quand les souverains veulent en venir à une rupture, ce n'est pas la matière du manifeste qui les arrête; ils prennent leur parti, ils font la guerre, et ils laissent à quelque jurisconsulte laborieux le soin de les justifier.
Si nous n'avons pas fait mention de la Hollande dans cet ouvrage, c'est que depuis la guerre de 1740, surtout depuis la mort du stadhouder, elle ne jouait aucun rôle en Europe. Il ne nous reste qu'à rapporter succinctement une calamité singulière dont le Portugal se ressentit, et qui faillit à bouleverser ce royaume. Un tremblement de terre se fit sentir, dont les secousses furent si violentes, qu'elles renversèrent la ville de Lisbonne; les maisons, les églises, les palais, tout fut bouleversé, englouti, ou dévoré par les flammes qui s'échappèrent des gouffres de la terre : il y périt entre quinze et vingt mille âmes; beaucoup d'autres villes et villages dans ce royaume furent ébranlés ou renversés. Ce tremblement de terre se fit sentir le long des côtes de l'Océan jusqu'aux frontières de la Hollande. On ne peut attribuer la cause de ce malheur qu'aux efforts d'un feu souterrain qui, resserré dans les entrailles de la terre, s'est creusé quelque canal, et a formé quelque gouffre sous le Portugal, d'où il tend à s'échapper et à se mettre en liberté; et peut-être qu'un jour la postérité verra naître un volcan à la place où Lisbonne a subsisté jusqu'à présent. Mais il sembla que ce n'en fût pas assez des fléaux du ciel qui affligèrent ce malheureux globe; peu après, la méchanceté des hommes arma leurs mains impies; ils se déchirèrent pour un vil amas de boue; la haine,