<41> entretenait avec la cour de Vienne et avec celle de Pétersbourg : ces dépêches avaient répandu des lumières sur les vues de ces puissances, en développant leurs desseins. Cet homme, dont les services devenaient plus importants que jamais dans ces conjonctures délicates, fut soupçonné par son maître : Weingarten fut assez heureux pour s'en apercevoir; il s'échappa et réclama la protection du Roi. On le déroba avec peine aux recherches et aux perquisitions du ministre autrichien, et on l'envoya à Colberg, où il changea de nom.a Quoique cette source de nouvelles fût tarie, il restait encore un canal, duquel le Roi tirait des avis certains sur les projets que ses ennemis formaient, et qui étaient prêts à éclater; c'était un commis de la chancellerie secrète de Dresde, qui remettait toutes les semaines au ministre prussien les dépêches que sa cour recevait de Pétersbourg et de Vienne ainsi que la copie de tous les traités qu'il avait trouvés dans les archives. Il parut par ces écrits que la cour de Russie s'excusait de ne pouvoir entreprendre la guerre cette année, à cause que sa flotte n'était pas en état d'entrer en mer; mais elle promettait en revanche de plus grands efforts pour l'année prochaine. Sur ces éclaircissements, le Roi prit le parti d'envoyer, en guise de réserve, un corps en Poméranie, formé de dix bataillons et de vingt escadrons. Ces troupes se cantonnèrent aux environs de Stolp, où elles ne pouvaient donner aucune jalousie à la Russie, et où néanmoins elles étaient à portée de renforcer le maréchal de Lehwaldt, dès qu'il aurait pu appréhender quelque entreprise de la part des ennemis.

Bientôt la cour de Vienne rassembla plus de troupes en Bohême qu'à son ordinaire; elle en forma deux armées : l'une, sous les ordres du prince Piccolomini, campa près de Königingrätz; la principale, commandée par le maréchal Browne, s'établit aux environs de Prague. Ce n'était pas assez; la cour fit dresser en Bohême des magasins de


a George-Maximilien de Weingarten se nomma depuis de Weiss.