« <43>quiéter le Roi par ses réponses, et de le pousser à commettre les premières hostilités. » Il est vrai que le style en était si arrogant et si fier, qu'il en résultait assez clairement que l'Impératrice-Reine voulait la guerre, et même qu'elle voulait de plus que le Roi portât le nom d'agresseur.
Il était néanmoins probable que cette année s'écoulerait encore sans que les ennemis de la Prusse en vinssent aux dernières extrémités, parce que la cour de Pétersbourg voulait différer la guerre jusqu'à l'année suivante, et qu'il était apparent que l'Impératrice-Reine attendrait que tous ses alliés fussent prêts, pour attaquer le Roi à forces réunies. Ces considérations donnèrent lieu d'examiner ce problème : s'il était plus avantageux de prévenir ses ennemis en les attaquant incontinent, ou s'il valait mieux attendre qu'ils eussent achevé leurs grands préparatifs, pour remettre les entreprises qu'ils jugeraient bon de former, à leur discrétion. Quelque parti que l'on prît dans ces conjonctures, il est certain que la guerre était également sûre et inévitable; il restait donc à calculer s'il y aurait plus d'avantage à la différer de quelques mois, ou à la commencer incessamment. Vous verrez, par les Pièces justificatives annexées à la suite de ce chapitre, que le roi de Pologne était un des plus zélés partisans de la conjuration que l'Impératrice-Reine avait formée contre la Prusse. L'armée saxonne était faible : on savait que le fond en montait à peu près à dix-huit mille hommes; mais on savait aussi que pendant l'huer même cette armée devait être augmentée, et qu'on voulait la porter au nombre de quarante mille combattants. En différant la guerre, le Roi donnait donc le temps à ce voisin malintentionné de se mettre dans une posture plus formidable; sans compter que la Russie ne pouvant pas entrer en action cette année, et la Saxe n'ayant pas achevé de perfectionner ses arrangements, ces conjonctures paraissaient favorables pour gagner sur les ennemis des avantages en les prévenant dès la première campagne, qu'on perdrait par une délicatesse déplacée,