<71> et supposé que le besoin parût exiger, avant quoi nous ne le demanderions pas nous-mêmes, déclarer de quel œil les cours impériales envisageraient toute avanie qui nous serait faite de la part du roi de Prusse.
Le comte d'Ulefeld me répondit : « Qu'il n'y aurait point de difficulté sur les ordres à envoyer à cet égard à leurs ministres, si nous l'exigions; mais qu'il me donnait derechef à considérer à quoi nous pourrait servir, et quelle impression ferait sur l'esprit du roi de Prusse une pareille déclaration qu'on donnerait dans le sens du traité de 1743, vu l'insuffisance du secours y stipulé; qu'il me chargeait de représenter de nouveau, à cette occasion, à ma cour, qu'on ne pouvait pas prendre assez de mesures contre les vues ambitieuses du roi de Prusse; et que surtout la Saxe, comme la plus exposée, ne pouvait pas user d'assez de précautions pour s'en garantir; qu'il importait donc beaucoup de renforcer nos anciens engagements sur le pied proposé par le feu comte de Harrach en 1745; que cela pouvait se faire à l'occasion de notre accession au traité de Pétersbourg, ou de telle autre façon qui nous paraîtrait la plus convenable pour notre sûreté, et la plus propre pour garder le secret; qu'il croyait qu'il n'y avait point de temps à perdre pour se mettre en bonne posture et état de défense, les conjonctures présentes lui paraissant exiger absolument que les cours alliées s'unissent plus étroitement ensemble que jamais, et que chacune d'elles regardât les intérêts de son allié comme les siens propres, et pour me servir de ses termes : dass Alle vor Einem und Einer vor Alle stünde. »