<87> disculper, en donnant pour preuve que par cette raison il n'avait pas même assemblé les camps qu'il avait fait déjà tracer pour exercer ses soldats, mais qu'il avait ordonné aux régiments de se séparer; imaginant peut-être de mettre cette cour dans la nécessité de suivre son exemple, en discontinuant également ses préparatifs : je crois cependant qu'il aurait de la peine à la détourner de son dessein par ces sortes d'illusions.
On a su par un exprès dépêché par le comte de Puebla, arrivé ici dimanche passé, que malgré les feintes dispositions du roi de Prusse, ses troupes ne cessaient pas de filer vers la Silésie. On comprend d'ailleurs fort bien que ce prince, par la position locale de son armée, qu'il peut assembler en autant de semaines qu'on a besoin ici de mois vu l'éloignement des quartiers où les troupes se tiennent, a un avantage trop marqué sur cette cour-ci, à laquelle il causerait, par de longues et continuelles marches, de si grandes dépenses, qu'elles deviendraient à la fin insoutenables. Je dis que l'on comprend fort bien qu'il est nécessaire de poursuivre sans interruption les mesures qu'on a déjà commencées, afin de se mettre dans les circonstances présentes à deux de jeu et en bon état; que le roi de Prusse se trouve par là obligé, pour soutenir ses armements et les augmentations faites et à faire, qui surpassent ses forces, ou de se consumer à petit feu, ou, pour prévenir cet inconvénient, de se laisser aller à une résolution précipitée : et c'est précisément là où il me semble qu'on l'attend.
Le retour du courrier de M. de Klinggräff, que ledit prince attend sans doute avec la dernière impatience, nous fera voir plus clair dans ses dispositions. Il est à croire que, s'il se croit menacé, il ne tardera plus à porter des coups et à prévenir ceux qu'il craint, pour profiter de la situation dans laquelle on se trouvera ici jusqu'à la fin du mois d'août, qui est le terme où toutes les troupes seront assemblées. Mais d'un autre côté, s'il reste tranquille, il peut être per-