<89> lui avait fait parvenir sur les bruits qu'avait répandus le roi de Prusse sur des alliances à faire entre lui et nous, de même qu'avec la Russie, et de plus que la cour d'ici se mêlait d'une médiation entre la France et l'Angleterre, lui étaient déjà parvenus d'ailleurs, et méritaient par conséquent d'autant plus d'attention et d'être contredits, comme on en donnerait l'ordre aux ministres de l'Impératrice-Reine dans les cours de l'Europe. Ce chancelier d'État m'a dit encore qu'il y avait des avis comme quoi le roi de Prusse avait voulu surprendre la ville de Stralsund dans la Poméranie suédoise, et qu'apparemment si cela se vérifiait, c'était en conformité de la trame découverte en dernier lieu à Stockholm.
Si Votre Excellence est à portée de pouvoir faire des insinuations avec sûreté à la cour de Londres, elle lui rendrait peut-être service en lui faisant connaître le danger dans lequel elle se trouve, et dans lequel les mauvais conseils de ceux qui sont le plus dans le crédit aujourd'hui, l'ont entraînée.
Cette cour ne sortira que difficilement de la bredouille où elle s'est précipitée, et si elle ne se sépare pas du roi de Prusse en faisant sa paix avec la France aux meilleures conditions possibles, cette dernière ira de succès en succès et de projets en projets, qui pourraient à la longue devenir funestes à la maison de Hanovre.
Je demande en grâce à Votre Excellence de ne rien communiquer en détail à M. de Broglie de ce que j'ai l'honneur d'écrire à Votre Excellence, cet ambassadeur étant en correspondance avec M. d'Aubeterre, qui m'a dit avec surprise que le comte de Broglie était entièrement persuadé qu'on en voulait ici au roi de Prusse, et qu'il l'accusait même de défiance et de trop de réserve sur les desseins de la cour de Vienne.
Le marquis d'Aubeterre ayant sollicité depuis longtemps la permission de pouvoir s'absenter de son poste pour quelques mois, afin