<91> l'autre cour avec le ministère de celle où vous subsistez; de lui faire comprendre la position difficile et dangereuse où le passage d'une armée prussienne par la Saxe, auquel notre situation ne nous permet aucunement de nous opposer, ou peut-être quelque proposition et demande ultérieure et plus significative que Sa Majesté Prussienne pourrait nous faire dans cette occasion, nous exposeraient; et de l'engager à s'ouvrir dans la dernière confidence envers nous sur les mesures qu'on se propose d'employer pour se garantir soi-même d'une injuste attaque, et pour couvrir et protéger en même temps les États du roi notre maître, qui se trouvent derechef menacés par notre attachement fidèle à nos alliés.
Dans cette dernière intention, il serait sans doute nécessaire qu'on rassemblât incessamment un corps d'armée suffisant dans les cercles de la Bohême les plus proches de nos frontières; et il serait également utile pour les deux cours s'il plaisait à Sa Majesté l'Impératrice - Reine d'enjoindre à M. le feld-maréchal Browne de communiquer et de se concerter, à tout événement et avec le ménagement et secret requis, avec notre feld-maréchal comte de Rutowski, qui vient d'y être déjà autorisé par le Roi.
Étant persuadé que la cour de Vienne trouve dans notre conservation et sûreté ses propres avantages, je me suis expliqué sur tout ceci plus au long avec M. le comte de Sternberg, qui ne manquera pas d'en rendre un compte exact par le même courrier, et je puis me rapporter au reste à vos lumières, monsieur, et à votre zèle et dextérité, pour me dispenser d'ajouter à ma présente toutes les réflexions et motifs essentiels, convenables à cette situation critique, et conformes aux liaisons qui subsistent entre les deux cours.
Je prie seulement Votre Excellence de hâter autant qu'il sera possible les éclaircissements qu'elle aura à me donner, étant d'ailleurs très-véritablement et avec etc.