<25> d'éloigner le maréchal Daun des Russes et de l'électorat de Brandebourg, il jugea que le meilleur expédient pour y réussir serait de détruire les magasins que les ennemis avaient sur leurs derrières. Il exécuta ce dessein avec toute la célérité et toute l'habileté possibles; il quitta Sagan, et marcha par Lauban à Görlitz. M. de Ville y était accouru en hâte; le Prince ayant fait mine de l'attaquer, ce général autrichien, devenu timide depuis l'affaire de Conradswaldau, se retira à Reichenbach. C'était ce que le Prince désirait, et il fit partir sur-le-champ un corps pour la Bohême, qui ruina à Böhmisch-Friedland le magasin des ennemis. Un autre détachement se rendit par Zittau à Gabel, prit prisonniers six cents hommes qui s'y trouvaient en garnison, et détruisit le considérable amas que les Autrichiens y avaient accumulé. L'heureux succès de cette expédition fit rétrograder le maréchal Daun; si alors la ville de Dresde ne se fût pas rendue de la façon la plus infâme, les Impériaux se trouvaient forcés de retourner en Bohème; mais la réduction de cette capitale, les mettant en possession des grands magasins que les Prussiens avaient dressés, leur permit de s'établir à Bautzen.
Le départ de l'armée autrichienne, la disette de fourrage que les Russes commençaient à sentir, leur firent abandonner leur position de Francfort; ils marchèrent en Lusace, et se campèrent à Lieberose. L'armée du Roi les suivit par Beeskow; de là elle s'avança sur Waldow. M. de Hadik, qui était en marche pour s'y rendre, se replia à l'approche des Prussiens, de sorte que le Roi y prit une position avantageuse derrière des marais, d'où il coupait aux Russes les subsistances qui devaient leur être livrées de Lübben et des lieux circonvoisins. Dresde était assiégée alors, sans cependant qu'il y eût de tranchée ouverte. Sa Majesté y envoya un détachement aux ordres du général Wunsch. Cet habile officier surprit Torgau en chemin, et il arriva devant Dresde le jour que M. de Schmettau en signait la capitulation. Il serait, je pense, superflu de critiquer la conduite d'un homme qui