<96>rir; après quoi il semait ces champs de trèfle et d'autres herbages, qui les transformaient en prés artificiels, par le moyen de quoi l'on augmentait la quantité du bétail d'un tiers sur chaque terre. Cette épreuve ayant si bien réussi, on eut soin de généraliser dans les provinces une économie aussi avantageuse.
Nous avons déjà dit que la guerre et les fréquentes invasions des ennemis avaient établi une pernicieuse anarchie dans les provinces héréditaires; elle s'étendait sur toutes les branches, non seulement sur l'économie rurale et sur les finances, mais encore sur les bois, que les grands maîtres des forêts avaient ruinés selon leur fantaisie, faute d'être surveillés. Une guerre opiniâtre, dont les succès ne pouvaient pas tous être heureux, fit juger à ces misérables forestiers et à quelques sous-conseillers des finances qui participèrent aux déprédations, que l'État était perdu sans ressource, qu'il allait devenir dans peu la proie des ennemis, et que ce qu'ils pouvaient faire de mieux dans une situation aussi désespérée, était de vendre à leur profit tout le bois qu'ils pourraient abattre, parce qu'il n'y aurait personne qui pût leur demander compte de leurs malversations. En conséquence de cette idée aussi fausse qu'infâme, ils avaient si bien dévasté les forêts, qu'on n'y voyait qu'à peine quelques arbres isolés, au lieu des bois touffus qui s'y trouvaient auparavant. Les coupables furent chassés et punis comme ils l'avaient mérité; l'on fut obligé de donner de nouvelles ordonnances, tant pour la plantation des bois que pour fixer une coupe proportionnelle selon les différents genres et espèces des arbres, afin d'y mettre une règle que personne ne pût enfreindre, et surtout pour en avoir suffisamment, soit pour la bâtisse, soit pour les chauffages, article qui mérite de ne point être négligé dans les pays du nord. Avant la guerre, on avait retiré des Marches et de la Poméranie un revenu annuel du bois, qui souvent passait cent cinquante mille écus; il fallut recourir aux expédients pour réparer ce