<98>On porta les mêmes soins pour réformer tous les colléges fondés pour l'instruction de la jeunesse; les pédagogues ne s'appliquaient qu'à remplir la mémoire de leurs élèves, et n'avaient aucun soin à former et à perfectionner leur jugement. Cet usage, qui était une continuation de l'ancienne pédanterie tudesque, fut corrigé; et sans négliger ce qui est du département de la mémoire, les instituteurs furent chargés de familiariser dès la jeunesse leurs élèves avec la dialectique, afin qu'en formant leur jugement, ils apprissent à raisonner, en tirant des conséquences justes des principes qu'ils avaient prouvés et établis.
Pendant que tout était nerf dans l'État, que chacun travaillait pour perfectionner sa partie, le traité de partage entre les trois couronnes fut signé. La Prusse acquit, comme nous l'avons rapporté, la Pomérellie, les palatinats de Culm et de Marienbourg, l'évêché de Varmie, la ville d'Elbing, une partie de la Cujavie, et une partie de la Posnanie. Cette nouvelle province avait environ cinq cent mille habitants. Les bonnes terres sont du côté de Marienbourg, le long de la Vistule, aux deux bords de la Netze, en y ajoutant l'évêché de Varmie. Mais dans la Pomérellie et le palatinat de Culm, en revanche, il y a beaucoup de terrains remplis d'un sable aride. L'avantage principal de cette acquisition consistait donc principalement en ce qu'elle joint la Poméranie à la Prusse royale, qu'elle rend le gouvernement maître de la Vistule, par conséquent du commerce de la Pologne, et que, par la quantité de blé que ce royaume exporte, les États prussiens n'auront désormais plus à craindre ni la disette ni la famine.
Cette acquisition était utile, et pouvait devenir importante après que, par de sages arrangements, tout serait bien réglé. Mais dans l'état où se trouvait cette province lorsqu'elle tomba sous la domination prussienne, tout s'y ressentait de l'anarchie, de la confusion et du désordre d'un peuple barbare qui croupissait dans l'ignorance et