IX. COPIE DE LA LETTRE DE SA MAJESTÉ L'IMPÉRATRICE-REINE, ENVOYÉE PAR LE SIEUR THUGUT.



Monsieur mon frère et cousin,

Par le rappel du baron Riedesel et par l'entrée des troupes de Votre Majesté en Bohême, je vois avec une extrême sensibilité l'éclat d'une nouvelle guerre. Mon âge et mes sentiments pour la conservation de la paix sont connus de tout le monde, et je ne saurais lui en donner une preuve plus réelle que par la démarche que je fais. Mon cœur maternel est justement alarmé de voir à l'armée deux de mes fils et<221> un beau-fils chéri.221-a Je fais ce pas sans en avoir prévenu l'Empereur mon fils; et je lui demande même pour tout le monde le secret, quel qu'en soit le succès. Mes vœux tendent à faire renouer et terminer la négociation dirigée jusqu'à cette heure par Sa Majesté l'Empereur, et rompue à mon plus grand regret. C'est le baron Thugut, muni d'instructions et d'un plein pouvoir, qui lui remettra celle-ci en main propre. Souhaitant ardemment qu'elle puisse remplir nos vœux conformément à notre dignité et satisfaction, je la prie de vouloir répondre avec les mêmes sentiments aux vifs désirs que j'ai de rétablir notre bonne intelligence pour toujours, pour le bien du genre humain et même de nos familles, étant



de Votre Majesté

bonne sœur et cousine.
Marie-Thérèse.


221-a L'empereur Joseph, son frère Léopold, grand-duc de Toscane, et le duc Albert de Teschen. époux de l'archiduchesse Marie-Christine.