<17>naissait bien en hommes. Il l'envoya à Varsovie l'année 1733, lorsque la mort d'Auguste, roi de Pologne, ouvrait un vaste champ aux intrigues, aux partis et aux dissensions de cette république, qui était agitée par les mouvements que se donnaient les puissances de l'Europe pour l'élection d'un nouveau roi.
M. de Goltz connaissait non seulement les intérêts de toutes les grandes familles de ce royaume; il avait, de plus, une perception vive, et cet heureux talent de démêler d'abord la vérité de la vraisemblance. Ses relations pronostiquèrent exactement les desseins de la Pologne : il lut l'avenir dans les causes présentes, et s'acquitta de sa commission avec tant de dextérité, que l'estime que le feu roi avait pour lui, en augmenta encore.
Le Roi ne pouvait lui en donner des marques plus agréables qu'en lui faisant naître des occasions où il pouvait se distinguer. Il le choisit pour faire la campagne du Rhin, en 1734, avec les dix mille Prussiens qui y servirent dans les armées de l'Empereur. Cette campagne, stérile en grands événements, trompa l'attente de ce jeune courage qui brûlait de se distinguer. Les bons esprits savent tirer parti de tout : M. de Goltz étudia l'arrangement des subsistances, et dans peu, il fut supérieur à ses maîtres.
La campagne suivante, le Roi le plaça comme lieutenant-colonel dans le régiment de Cosel; mais la paix, qui survint immédiatement après, ramena M. de Goltz de la pratique de la guerre à la simple théorie. Il retourna en Prusse avec son régiment, où il reprit son ancienne étude, c'est-à-dire, celle des belles-lettres, étude si utile à ceux qui se vouent aux armes, que la plupart des grands capitaines y ont consacré leurs heures de loisir.
En 1740, après la mort de Frédéric-Guillaume, le Roi appela M. de Goltz, pour l'attacher à sa personne. La guerre de Silésie qui survint alors, fournit au militaire les plus belles occasions de se distinguer.