<21> l'entour de leur camp, une contrée abandonnée de ses habitants, ce qui en faisait un désert. M. de Goltz surmonta tous ces obstacles; et quoique les subsistances se tirassent de la Silésie, personne ne s'aperçut de ces embarras, et l'armée vécut dans l'abondance.
En examinant le nombre prodigieux de détails qu'entraînait son emploi, on croirait qu'un seul homme ne pourrait y suffire. Mais M. de Goltz avait ce talent particulier à César : il dictait, comme ce grand homme, à quatre secrétaires à la fois, conservant toujours la tête fraîche, malgré le poids des occupations les plus compliquées et les plus difficiles.
A peine M. de Goltz devint-il commissaire général, et drossarta de Cottbus et de Peitz, qu'il en témoigna sa reconnaissance à son maître de la façon la plus noble qu'un sujet le puisse faire envers son souverain, c'est-à-dire, par des services plus importants encore que ceux qu'il avait rendus.
Des raisons politiques et militaires engagèrent le Roi de se rapprocher des frontières de la Silésie. Son armée était affaiblie par trois gros détachements, dont l'un avait joint le vieux prince d'Anhalt au camp de Magdebourg; le second, sous le général de Nassau, avait repris la forteresse de Cosel; et le troisième, sous le général Du Moulin, occupait les gorges des montagnes qui mènent en Silésie, et par où les convois arrivaient à l'armée. Les Autrichiens, jugeant ces circonstances favorables, vinrent de nuit, et se rangèrent à la droite de l'armée du Roi, sur une montagne qui ajoutait à l'avantage du nombre, qu'ils avaient, celui du terrain.
M. de Goltz, qui campait à la droite, fut le premier qui avertit le
a Il y avait alors dans la monarchie prussienne un certain nombre de bailliages qui formaient des espèces de sinécures au profit des officiers de l'armée les plus distingués. On appelait les titulaires drossarts ou Amtshauptleute (capitaines de bailliages). La plupart des pensions attachées à ces capitaineries étaient de cinq cents écus par an.