<23>ment pourvue. Il régla ensuite les contributions avec humanité et désintéressement, et revint, après la paix de Dresde, à Berlin, où il exerça ses talents à des vertus civiles qui le rendaient aussi estimable qu'il l'était par les militaires. Ce fut par ses soins que se perfectionnèrent les arrangements de ces magasins qui préservent toutes les provinces de la domination prussienne des fléaux de la famine, et des suites encore plus funestes qu'elle attire après elle. Ce fut à ses bonnes dispositions que l'économie de l'hôtel royal des Invalides eut l'obligation de ses meilleurs règlements. Ce fut à son industrie qu'on dut le projet nouveau pour les caissons, les fours et les bateaux du commissariat.
M. de Goltz ne perdait jamais de vue le bien de l'État : il dressa des mémoires pour le défrichement des terres, pour saigner des marais, pour établir de nouveaux villages, pour proportionner des taxes et pour réformer différents abus, sur les observations qu'il avait faites en parcourant les provinces dans ses voyages, dont beaucoup devinrent d'une utilité réelle par leur exécution.
A la fin de 1746, il fut attaqué d'une espèce d'asthme, que les médecins, superficiels dans leurs conjectures, méprisèrent selon leur coutume. Au commencement de l'année 1747, son mal augmenta, et fut suivi d'un crachement de sang assez violent, par lequel on ne s'aperçut que trop tard du mal qui le menaçait. Le Roi l'avait admis dans sa plus grande familiarité. Il aimait sa conversation, qui était toujours pleine de choses mêlées de connaissances agréables et de connaissances solides, passant des unes aux autres avec cette facilité qu'y apporte un esprit rempli d'aménité et formé par un long usage du monde. Sa Majesté le vit souvent, et surtout pendant les derniers jours de sa vie, pendant lesquels il conserva une présence d'esprit et une fermeté admirables, dictant sa dernière volonté sans embarras, consolant ses parents, et se préparant à la mort en philosophe qui