<29>taphysiciens appellent l'âme. Rempli de ces idées pendant sa convalescence, il porta hardiment le flambeau de l'expérience dans les ténèbres de la métaphysique; il tenta d'expliquer, à l'aide de l'anatomie, la texture déliée de l'entendement, et il ne trouva que de la mécanique où d'autres avaient supposé une essence supérieure à la matière. Il fit imprimer ses conjectures philosophiques sous le titre d'Histoire naturelle de l'âme. L'aumônier du régiment sonna le tocsin contre lui, et d'abord tous les dévots crièrent.
Le vulgaire des ecclésiastiques est comme Don Quichotte, qui trouvait des aventures merveilleuses dans des événements ordinaires; ou comme ce fameux militairea qui, trop rempli de son système, trouvait des colonnes dans tous les livres qu'il lisait. La plupart des prêtres examinent tous les ouvrages de littérature comme si c'étaient des traités de théologie; remplis de ce seul objet, ils voient des hérésies partout : de là viennent tant de faux jugements, et tant d'accusations formées, pour la plupart, mal à propos contre les auteurs. Un livre de physique doit être lu avec l'esprit d'un physicien; la nature, la vérité est son juge; c'est elle qui doit l'absoudre ou le condamner : un livre d'astronomie veut être lu dans un même sens. Si un pauvre médecin prouve qu'un coup de bâton fortement appliqué sur le crâne dérange l'esprit, ou bien qu'à un certain degré de chaleur la raison s'égare, il faut lui prouver le contraire, ou se taire. Si un astronome habile démontre, malgré Josué, que la terre et tous les globes célestes tournent autour du soleil, il faut, ou mieux calculer que lui, ou souffrir que la terre tourne.
Mais les théologiens, qui, par leurs appréhensions continuelles, pourraient faire croire aux faibles que leur cause est mauvaise, ne
a Le chevalier Folard. Voyez t. I, p. 184. En 1753, Frédéric fit imprimer un Extrait tiré des Commentaires du chevalier Folard sur l'Histoire de Polybe, pour l'usage d'un officier; avec un avant-propos.