<38> se sont formés eux-mêmes, et se sont ouvert des routes nouvelles dans la carrière des arts. Cette puissante inclination se remarque surtout dans ceux qui sont nés poëtes ou peintres. Sans citer Ovide, qui fit des vers malgré la défense de son père, sans citer le Tasse, qui fut dans le même cas, et sans faire mention du Corrége, qui se trouva peintre en voyant les tableaux de Raphaël, nous trouvons dans M. de Knobelsdorff un pareil exemple. Il était né peintre et grand architecte; la nature en avait fait les frais : il ne restait qu'à l'art d'y mettre la dernière main.

Pendant que M. de Knobelsdorff était au service, il employait son loisir à dessiner d'après la bosse. Il peignait déjà des paysages dans le goût de Claude-Lorrain, sans connaître un maître avec lequel il avait une si grande ressemblance. Dès qu'il eut quitté le service, il se livra à ses goûts sans retenue; il lia amitié avec le célèbre Pesne, et il n'eut point honte de lui confier l'éducation de ses talents. Sous cet habile maître, il étudia surtout ce coloris séduisant qui, par une douce illusion, empiète sur les droits de la nature, en animant la toile muette. Il ne négligea aucun genre, depuis l'histoire jusqu'aux fleurs, depuis l'huile jusqu'au pastel. La peinture le conduisit par la main à l'architecture; et ne considérant cette connaissance, dans le commencement, que pour l'emploi qu'il en pouvait faire dans les tableaux, il se trouva que ce qu'il ne regardait que comme un accessoire, fut son talent principal.

La retraite dans laquelle il vivait, ne le cacha pas au Roi, alors prince royal : ce prince l'appela à son service, et M. de Knobelsdorff, pour premier essai, orna le château de Rheinsberg, et le mit, ainsi que les jardins, dans l'état où on le voit à présent. M. de Knobelsdorff embellissait l'architecture par un goût pittoresque, qui ajoutait des grâces aux ornements ordinaires; il aimait la noble simplicité des Grecs, et un sentiment fin lui faisait rejeter tous les ornements qui n'étaient pas à leur place. Son avidité de connaissances lui fit désirer